Emails qui s’entassent, photos en doublon, onglets de navigation qui prolifèrent… Notre vie numérique ressemble de plus en plus à un grenier virtuel surchargé. Focus sur ce nouveau syndrome qui touche 7 Français sur 10 et impacte directement notre productivité et notre bien-être mental.
« J’ai 13 824 emails non lus et 47 onglets ouverts dans mon navigateur. » Ce témoignage de Sophie, 34 ans, cadre dans une PME, n’a rien d’exceptionnel. À l’ère du stockage illimité et du « au cas où », nous sommes devenus des Diogène des temps modernes, accumulant frénétiquement données, fichiers et contenus numériques. Une tendance qui, au-delà de ralentir nos appareils, commence à inquiéter les psychologues. Car derrière cette accumulation se cache souvent une réelle anxiété : celle de manquer une information importante ou de perdre un souvenir précieux. Plongée dans ce phénomène sociétal croissant, ses conséquences insoupçonnées et les solutions pour s’en libérer.
Accumulation d’e-mails
Votre boite mail est saturée ? Vous cumulez des milliers de messages dans des boites mail avec une capacité toujours plus importante ? Messages non lus, spams non triés, newsletters jamais ouvertes… Une étude récente montre que nous recevons en moyenne 121 emails professionnels par jour.
Devant cette montagne de messages, vous ne savez plus comment dire stop ! Cela peut entraîner un grand stress ou une perte de temps lorsque vous devez chercher une information.
Le conseil d’expert : « L’anxiété de manquer une information importante pousse à tout conserver. C’est un cercle vicieux qui nuit à la productivité », explique Marie Laurent, psychologue spécialisée en cyberdépendance.
Parmi les solutions à envisager, on peut d’abord citer la mise en place de filtres et des règles de tri automatique qui viendront faciliter la tâche. On peut aussi penser à la désinscription aux newsletters inutiles ou non désirées.
Enfin, on peut adopter la règle, plus radicale, du « zéro inbox » qui consiste à traiter les mails dès leur arrivée dans la boite en les supprimant ou en les classant dans des dossiers spécifiques, conçus pour ne garder que l’essentiel.
Adoptez la méthode des 4D pour vos emails
- Delete (Supprimer) : Tout ce qui n’est plus pertinent
- Do (Faire) : Traiter immédiatement les actions rapides
- Delegate (Déléguer) : Transférer ce qui relève d’autres personnes
- Defer (Différer) : Planifier un moment précis pour les tâches plus longues
Un véritable musée des archives photos
S’il est commun, sur nos ordinateurs, de trouver des milliers de photos – parfois non triées – un autre phénomène, de plus en plus marqué, concerne les photos et vidéos stockées, en doublon et parfois de mauvaise qualité, qui attendent sagement dans nos smartphones.
Des disques durs permettant de sauvegarder de plus en plus de données, des utilisateurs ayant l’embarras du choix pour capturer toutes sortes de contenus et les sauvegarder, un besoin de conserver l’instant pour en faire un souvenir (plus jamais visionné).
Un utilisateur moyen stocke aujourd’hui plus de 2 500 photos sur son téléphone, dont 40% ne seront jamais revisionnées.
Cela engendre parfois un manque d’espace de stockage, un besoin de renouveler ses produits plus souvent et une difficulté à retrouver des moments spécifiques, malgré les outils de recherche et de reconnaissance de plus en plus perfectionnés, grâce à l’IA.
Les signes qui ne trompent pas :
- Votre téléphone affiche régulièrement « stockage plein »
- Vous avez plusieurs sauvegardes cloud qui se chevauchent
- Retrouver une photo spécifique relève du parcours du combattant
- Vous repoussez toujours le moment du tri
Qui ne s’est jamais senti dépassé par la somme d’informations qu’il possède ?
Parmi les pistes à explorer pour parvenir à une meilleure gestion de ses photos, on peut utiliser des logiciels qui vont vous permettre de mieux trier, classer et supprimer les doublons. Vous pouvez aussi opter pour la création d’albums thématiques ou des diaporamas pour profiter des souvenirs.
Pour éviter la multiplication des supports de sauvegarde, tenez-vous à enregistrer seulement les éléments les plus importants et supprimer les originaux de votre appareil.
Dernier conseil, évident mais pas facile à mettre en place : s’imposer une discipline ! Tout simplement, en ne prenant pas en photo n’importe quoi et, si besoin, en un seul exemplaire seulement. Ensuite, si cela est trop difficile, il faut se donner du temps et se forcer à réaliser un tri régulier, par exemple une fois par mois.
Une quantité d’éléments obsolètes
A la manière des e-mails, on a tendance à accumuler des dizaines de fichiers dans nos ordinateurs, tablettes ou smartphone. Il se passe la même chose avec les applications sur les smartphones ou des logiciels dans les PC.
Cela a pour conséquence de réduire l’espace de stockage mais aussi de ralentir fortement les appareils.
Ces éléments, qu’ils proviennent d’Internet (pièces-jointes, documents sauvegardés depuis des sites web spécifiques) s’entassent souvent dans le dossier fourre-tout Téléchargements, ce qui n’incite pas à faire du nettoyage. Pire, si votre Bureau regorge d’icône, il est vraiment temps de passer à l’action.
On voit souvent des doublons ou différentes versions d’un même document sur le même appareil.
Comment s’y retrouver ?
Finalement, la solution est évidente, il faut effectuer un nettoyage régulier des éléments en commençant par les plus anciens. Votre ordinateur ou smartphone étant doté d’un explorateur de fichiers, vous pourrez trier par date, par type… pour vous faciliter la tâche.
Certains logiciels vous permettront même de vous assister dans cette mission. Si vous cumulez de nombreux logiciels, vous devrez désinstaller tous ceux non utilisés.
Enfin, pour y voir plus clair, organisez vos fichiers dans des dossiers clairs et structurés.
Trop d’onglets ouverts dans le navigateur
Chrome, Firefox, Edge… depuis l’invention des onglets de navigateur puis celle permettant de sauvegarder l’état d’un navigateur malgré sa fermeture, certains y ont vu le graal pour ouvrir une quantité importante d’onglets « au cas où« .
Chiffre clé : 47% des utilisateurs conservent en permanence plus de 20 onglets ouverts dans leur navigateur.
Malheureusement, cette quantité de pages ouvertes a une incidence sur les performances de l’appareil, notamment en créant des lenteurs.
Les solutions que l’on peut proposer à ces « serials cliqueurs », serait d’utiliser, avec parcimonie, des extensions de navigateur pour gérer les onglets (OneTab, The Great Suspender). Les dernières fonctionnalités des principaux navigateurs permettent même de créer des groupes d’onglets. Ils intègrent aussi des fonctions de mise en veille des onglets pour ne pas créer de ralentissement.
Vous pouvez également mettre les pages importantes en favoris, signets, marque-pages ou liste de lecture pour les consulter plus tard. Là encore, attention à ne pas les accumuler et retomber dans la même problématique de stockage.
Dernier conseil, toujours le plus logique, serait celui d’adopter la bonne discipline en fermant les onglets devenus inutiles après leur consultation.
Un phénomène d’encombrement de plus en plus présent
L’accumulation excessive de données numériques est un problème grandissant, avec des conséquences sur notre organisation et notre efficacité. Ce phénomène se manifeste par des historiques de navigation surchargés, des données cloud non triées, des conversations SMS conservées inutilement, des listes de favoris kilométriques et des répondeurs saturés de messages vocaux. Les causes sont multiples : la facilité et le faible coût du stockage numérique, la peur de perdre des informations, le manque de temps et d’organisation, et parfois un attachement émotionnel aux données.